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Le SCT : Un syndrôme peu connu

La coupe menstruelle comme une solution ? 

Des risques existants, même pour une coupe menstruelle  

« J’ai eu des douleurs abdominales, qui se sont accentuées toute la soirée jusqu’à devenir insoutenables, alors que tout allait bien. En pleine nuit, j’ai demandé un premier avis médical car je n’en pouvais plus. D’après les résultats, il s’agissait juste de coliques néphrétiques », confie Sandrine Graneau, victime du syndrome du choc toxique. Le 11 avril 2019, vers 6h du matin, elle a été transportée en urgence à l’hôpital… elle était en plein choc. Cette mère de famille ne le savait pas encore mais, sa vie était sur le point de changer à cause d’une coupe menstruelle. Le syndrome du choc toxique (SCT) est une maladie infectieuse aiguë, liée à la présence du staphylocoque doré, au niveau vaginal. « Le Staphylococcus aureus est une bactérie qui fait partie de la flore humaine (nez, vagin, tube digestif), mais qui peut également devenir l’une des principales causes d’infection. La virulence de cette bactérie est liée à la production de substances telles que la toxine du choc toxique staphylococcique : TSST-1 », explique le Dr Anne Tristan. 

 

 

 

 

« En général, les patientes sont souvent jeunes, en bonne santé et porteuses de la bactérie S. aureus, productrice de TSST-1 au niveau vaginal », précise-t-elle. Il faut savoir que seulement 20 à 30 % des femmes hébergent un S. aureus au niveau vaginal. Attention tous les Staphylococcus aureus, retrouvés en portage vaginal ne produisent pas de la TSST-1, et n’entrainent donc pas SCT. « Lors d'un choc menstruel, il y a une défaillance multiviscérale et, si la patiente n’est pas prise en charge à temps, il peut y avoir des complications comme cela est arrivé avec la mannequin américaine (qui a été amputée car elle a fait un choc toxique chez elle seule et est restée au sol longtemps) mais, cela n’est pas directement lié à la toxine du choc toxique », développe la spécialiste.

 

 

« Aujourd’hui, les médecins ne sont pas obligés de déclarer toutes les femmes atteintes par ce syndrome. Je ne sais même pas si mon propre cas est recensé. Si l’on comptabilisait tous les cas, le chiffre serait un peu plus haut que les 20 par an que l’on nous publie », s’exprime Sandrine Graneau. 

Le SCT est une maladie qui peut parfois être difficile à identifier par les médecins. Les symptômes (semblables à ceux de l’état grippal) apparaissent au fur et à mesure que le staphylocoque se développe. « Mes symptômes se sont développés tellement vite, que je me suis retrouvée vite dépassée. C’est cette accumulation cohérente, qui m’a fait envisager que c’était ça. Mon médecin a réussi à me le diagnostiquer que lorsque je suis devenue rouge cutanée », précise Sandrine Graneau. Voici les signes qui doivent alerter toutes les femmes en période de règles : 

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« Si certains de ces symptômes sont détectés, il est impératif de retirer le dispositif vaginal et de consulter en urgence », prévient le Dr Anne Tristan. D’après le CDC (Center of Disease Control) si une femme présente 4 des 5 critères (ci-dessus, sous 3 jours) son cas est considéré comme probable alors que si la liste est complète, le SCT est confirmé. Dans la majorité des cas, les patientes sont prises en charge dans les services de réanimation. « Un traitement à base d’antibiotiques visant à détruire la bactérie et stopper la production de toxines, permet une évolution rapidement favorable et sans séquelles. Il est donc primordial de reconnaître cliniquement cette maladie pour agir rapidement », affirme-t-elle. 

 

 

 

Réputée pour être une alternative écologique et économique aux tampons ou aux serviettes hygiéniques, la coupe menstruelle a conquis de plus en plus de femmes lors de leurs règles. « Je portais une cup depuis 3 voire 4 ans, à la suite de ma dernière grossesse. Je m’étais fait poser un stérilet dans la cuisse, ce qui m’a provoqué des règles abondantes. La coupe menstruelle était donc pour moi une solution de facilité », explique Sandrine Graneau. Morgane Senbel est la créatrice de la marque Mïu Cup. Avant de se lancer, elle a mis un point d’honneur à consulter la communauté d’utilisatrices de ce genre de protection, avec des sondages. « Au départ, j’ai fait un premier prototype que j’ai testé moi-même, puis à mes amies et à 100 filles tirées au sort sur Instagram. Mon objectif était de recueillir leur avis, en terme de confort et d’utilisation, pour améliorer au maximum mes coupes » annonce-t-elle. 

 

Mais, lorsque l’on se penche sur les différentes marques de coupes menstruelles, plusieurs points divergent. Tout d’abord la composition joue un rôle important dans le choix de l’utilisatrice. Un critère qu’a bien pris en compte la créatrice de Mïu Cup : « Mes coupes sont fabriquées en silicone à catalyse platine, de grade médical. Il s’agit du matériel le plus naturel du marché, conçu à base de pierre de silice. Il est aussi l’un des plus stables, par exemple on en retrouve dans les pacemaker » détaille-t-elle. D’autres marques, quant à elles, ont choisi de produire des coupes en latex, une matière plutôt allergène qui n’est pas supportée par toutes les femmes. 

Le temps de port de la coupe fait aussi débat, alors qu’il s’agit d’un des éléments les plus importants pour éviter d’avoir un syndrome du choc toxique. « Le temps de port d’une cup, c’est une aberration…vous avez de tout. Quand on a commencé à me parler de ces protections et que j’ai commencé à en mettre, il fallait la changer toutes les 12h maximum », constate Sandrine Graneau. En effet, sur les différentes boîtes, que l’on retrouve en commerce ou dans les pharmacies, il varie entre 4h, 6h, 8h et parfois même 12h. Plus celui-ci est élevé et plus le risque que la bactérie se développe (pour les femmes qui en sont porteuses au niveau vaginal) est important. « Pour Mü Cup je conseille de ne pas la garder plus de 7h à 8h maximum, après ce n’est qu’un avis personnel. Certaines femmes ne pourront pas la garder autant en fonction de leur flux par exemple », constate Morgane Senbel. Pour elle, le plus important est de bien respecter cette durée indiquée afin de diminuer au maximum les risques de SCT. 

Karima Kessal - ingénieure hospitalière - est utilisatrice de coupe menstruelle et pour elle, « lorsque l’on insère quelque chose dans notre corps, il faut accorder un point d’importance à l’hygiène. Étant scientifique, j’ai conscience des risques si l’on ne respecte pas cela. Par exemple il faut se laver correctement les mains, avoir les ongles courts, sans vernis, ne pas avoir une épilation intégrale de cette zone, etc. » explique-t-elle. Il est important de se laver les mains avant de mettre la coupe car, de petites bactéries sont présentes et peuvent se déposer sur le vagin.

 

 

Sur les gestes d’hygiène, les conseils des différentes marques se rejoignent à quelques détails près, notamment au sujet de la stérilisation. « Pour mes coupes menstruelles, je conseille de la stériliser avant et après les règles en la mettant 7 minutes environ, dans l’eau bouillante » complète Morgane Senbel. Pour Sandrine Graneau, les gestes d’hygiènes restent néanmoins incohérents. « On nous dit qu’on ne prend pas tant de risques que cela d’avoir un choc toxique si l’on a une bonne hygiène. Au début, sur les boîtes des coupes que j’achetais, il était indiqué de la rincer entre chaque port et de la stériliser en fin de cycle » précise Sandrine Graneau. Un avis que partage  le Docteur Anne Tristan : « Dans les coupes menstruelles, un biofilm bactérien important reste collé à la coupe après utilisation. Donc, il est préférable de les stériliser par ébullition entre chaque utilisation plutôt que de les rincer à l’eau claire. Je conseille aux utilisatrices d’avoir un jeu de deux ou trois coupes pour pouvoir passer de l’une à l’autre, et de la vider trois fois par jour ».

 

 

Suite à ces constats, la coupe menstruelle ne serait pas la solution miracle contre le syndrome du choc toxique. « Je pense qu’il y a quand même des risques mais peut être moins qu’avec un tampon. Par exemple dans les produits Mïu Cup, il n’y a pas de mauvais composants qui entrent en contact avec la muqueuse. La coupe se positionne plus bas qu’un tampon, donc le sang ne stagne pas à l’intérieur de l’utérus », affirme Morgane Senbel. Un point de vue qui n’est peut-être pas partagé par toutes, mais une chose est sure, le risque zéro n’existe pas… « Je ne suis pas du genre à avoir des discours moralisateurs, mais je ne conseillerai pas la coupe menstruelle comme une solution contre le choc toxique. Ce genre de protection nécessite beaucoup trop de contraintes d’utilisation pour juste ne pas prendre de risque. Ce n’est pas très adapté à la journée d’une femme lambda qui n’a pas forcément tout le temps accès à des toilettes », affirme Sandrine Graneau. 

 

Une histoire, une association : « Dans mes baskets »

 

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L’histoire de l’association Dans mes baskets, créée il y a environ un an, est plutôt originale. Chaque année, une soirée caritative est organisée dans par les jeunes (entre 11 et 14 ans) du village, où habite Sandrine Graneau. Sensibles à son accident, ils ont souhaité lui reverser les dons qui y seraient récoltés, afin qu’elle puisse s’acheter de bonnes prothèses. La seule condition était de créer une association. « Je me suis dis que ce que j’ai subi n’est pas arrivé pour rien et que je devais m’en servir. En tant qu’infirmière libérale, j’ai bien compris que je ne retravaillerai pas. Après 6 mois d’isolement, cette soirée était pour moi l’occasion d’expliquer et parler de ma situation », confie-t-elle. Bien au courant du manque d’informations circulant au sujet du choc toxique, cette professionnelle de la santé a pour objectif de mettre en place des actions de prévention. « L’idée est d’une part, de faire de la prévention auprès des jeunes filles réglées sur ce qu’est le syndrome du choc toxique. Mais aussi de réussir a former un groupe de victimes pour chiffrer correctement cette maladie. Avant que le confinement soit annoncé, je devais me rendre dans une école primaire pour parler avec eux, du handicap. Pour le moment, il n’y a pas d’interventions », complète-t-elle. La jeune femme a également un projet en commun avec les parents de Maëlle. Une jeune belge de 17 ans, décédée il y a quelques mois d’un SCT dû à un tampon. 

Propos reccueillis par Caroline Condroyer 

Une enquête de Caroline Condroyer 

Juin 2020

En avril 2019, la vie de Sandrine Graneau allait prendre un tout autre tournant. Cette jeune mère de famille a été victime de ce que l'on appelle un choc toxique. D'après les médecins, ce syndrome se serait développé à cause du port d'une cup menstruelle lors de sa période de règles. Ce mode de protection hygiénique est apparu en Europe au début des années 2000, et devient de plus en plus tendance. A première vue, elle serait moins dangereuse que son ancêtre : le tampon et pourrait éviter de tels accidents. 

 

   La coupe         menstruelle

Une alliée contre le choc toxique ?

D’après le docteur Marion Ombelli, la coupe menstruelle ne serait pas forcément la seule responsable du développement du syndrome du choc toxique. Même si celui-ci est très rare, il est lié en grande partie à une réaction excessive de notre corps face au staphylocoque doré. Si vous utilisez des coupes lors de vos périodes de menstruations, respecter les gestes d’hygiène et le temps de port reste important afin de réduire au minimum les risques. 

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